Les systèmes de paiement en Chine : un modèle d’innovation

Paiement sans contact : la France sur la route de l’innovation

En France, il nous a fallu la pandémie de Covid-19 pour assister à une très large démocratisation du paiement sans contact. Au début, c’était une option à activer ou non à la prise de sa carte bleue avec un plafond maximum de 20 euros dans les magasins qui étaient équipés évidemment des bons TPE.

Maintenant, toutes les cartes bleues sont équipées du petit signe Wifi que l’on peut activer ou désactiver depuis l’application mobile de son compte bancaire. Et le plafond permet de payer jusqu’à 50 euros sans insérer sa carte et son code. Désormais, rares sont les magasins et boutiques qui ne sont pas équipés du paiement sans contact ! Limite révolutionnaire. Et pourtant, par-delà nos frontières, nous sommes très loin de l’innovation paiement… Explications ! :

Alipay et Wechat pay

Il s’agit des deux solutions de paiement phares en Chine. Alipay a été créée par le géant Alibaba et tous les Chinois utilisent ce mode de paiement (équivalent VISA chez nous). Ils n’utilisent quasiment plus de cash, en tout cas pour 98% d’entre eux.
WeChat ou Weixin est, quant à elle, une application mobile de messagerie textuelle et vocale développée par le géant chinois Tencent Holdings Limited, en gros, notre WhatsApp.
La fonctionnalité de paiement y est intégrée et plus d’un milliard de Chinois l’utilisent quotidiennement, même les personnes plus âgées.

Ces deux applications ont en commun le QR code, que l’on a découvert en France, où plutôt auquel on a porté de l’intérêt que très tardivement.

Focus QR Code

Un rappel historique ? Le code QR (pour « Quick Response code » en anglais), a été créé par Masahiro Hara, ingénieur de l’entreprise japonaise Denso-Wave, en 1994 pour suivre l’itinéraire des pièces détachées dans les usines de Toyota. Il est rendu public en 1999 : Denso-Wave publie le code QR sous licence libre ; cela a contribué à la diffusion du code au Japon.

Le QR code chez nous est finalement arrivé de manière définitive, comme le paiement sans contact, depuis la pandémie de Covid.
Avant cette crise, le QR code semblait très futile et son arrivée chez nous a fait un gros “flop”. Dans un article de Libération, on peut lire :

“Ironie de l’histoire, alors que le Japon le scanne à tour de pouces, que Google s’en entiche, le QR code rencontre un flop monumental lors son entrée dans l’espace public occidental. Pour ceux qui ne s’intéressent pas à la technologie, le verdict est sans appel : l’invention est futile. Dans les médias, seules quelques utilisations exceptionnelles amènent à faire parler d’elle.“

Nous n’en voulions pas, n’en voyions aucune utilité, pourtant aujourd’hui il est indispensable pour voyager, aller au restaurant, dans certains grands magasins… bref, le QR Code sert à pouvoir garder son train de vie quotidien.

Pour la petite anecdote, saviez-vous que même les sans-abris disposaient de leur QR Code autour du cou pour les généreux donateurs qui passeraient devant eux ? C’est dire à quel point cette technologie a été longtemps sous-estimée et se montre utile sous des formes très diverses.

En Asie, le potentiel du QR Code est exploité autant en e-commerce que dans les boutiques physiques depuis bien plus longtemps que nous, perçus comme les “retardataires”.

Enfin, retardataires… certains ont su tirer leur épingle du jeu !

Ce terme de “retardataire” ne vaut évidemment pas pour tout l’occident. En vérité, les grandes maisons de luxe, par exemple, ont tout de suite compris comment séduire la clientèle chinoise et ont su innover côté paiement pour leur offrir une expérience d’achat unique lorsqu’ils viennent en Europe.

Culturellement, le paiement en France ne fait pas partie du parcours d’achat “plaisir”. D’ailleurs, le paiement en cash est associé à une forte douleur en neuroscience, bien plus que lors d’un paiement en ligne avec sa CB. Quand des sujets sont moins sensibles au paiement en ligne ou au paiement sans contact, on comprend que les jours sont comptés pour le cash (ou, je vous l’accorde pour la France, les années…). On comprend aussi que les commerçants et e-commerçants ont tout intérêt à personnaliser et innover dans les modes de paiement et plus globalement le parcours d’achat qui mène à l’acte d’achat.

Draguer les touristes chinois qui adorent se balader dans nos grandes boutiques de luxe a donc été un véritable enjeu physique mais aussi digital, puisque durant la crise sanitaire mondiale, les grandes maisons françaises ont accéléré leur digitalisation et leur écosystème innovant pour continuer à offrir un service VIP, ultra qualitatif et personnalisé pour leurs clients étrangers online et offline.

Ils se sont adaptés à un modèle chinois très novateur dont voici un exemple

Tout commence chez Ant Financial, la filiale d’Alibaba qui exploite la solution de paiement Alipay et qui a inauguré le premier service de paiement par reconnaissance faciale à usage commercial : le Smile-to-pay est disponible en bêta en 2017 dans le restaurant K Pro, nouveau concept « healthy » de la marque de restauration rapide KFC, à Hangzhou.

Le Smile-to-pay est pourtant un terme bien paradoxal aux études réalisées en neurosciences, qui comme je vous l’expliquais, associaient le paiement à la douleur. Cette technologie, reprise par les grandes boutiques situées sur les Champs Élysées par exemple, est le résultat d’un parcours d’achat complètement réinventé, unique et ultra personnalisé pour satisfaire les clients et littéralement, leur donner le sourire !

À part pour cette clientèle asiatique et chez les grandes maisons de luxe, le Smile-to-pay est loin d’être démocratisé en France, tout comme le paiement via QR code. On a hâte de voir ce qui va arriver ces prochaines années sur l’innovation paiement !