Comment penser le numérique responsable ?

L’avènement de la société numérique a entraîné une dépendance croissante à l’égard de la technologie et des données. Cette évolution rapide soulève des questions cruciales quant à la durabilité et à l’éthique de notre utilisation du numérique. A l’occasion du festival Web2day, j’ai eu l’opportunité d’assister à une conférence animée par Anaïs Vivion et Michaël Fromentoux sur l’intégration d’un numérique plus responsable dans la conception et le développement de produits digitaux. Dans cet article, je reviens sur les points clés abordés lors de cette conférence, et en particulier les principaux aspects du numérique responsable à travers trois domaines essentiels : l’accessibilité, l’écoconception et l’éthique des données. Voyons comment, en adoptant une approche holistique, nous serons en mesure de créer un avenir numérique plus durable, inclusif et éthique.

Des attentes fortes chez les utilisateurs sur ces sujets environnementaux et sociétaux

L’accessibilité ou comment faire en sorte que le plus grand nombre d’utilisateur est accès aux outils numériques

L’accessibilité numérique vise à garantir que le plus grand nombre d’utilisateurs ait accès aux outils numériques. Pour mieux comprendre ce que c’est, vous pouvez visualiser le webinar dédié à cette thématique : le B.A.-BA de l’accessibilité numérique. Que ce soit pour les personnes en situation de handicap, les personnes âgées ou celles vivant dans des régions reculées, il est essentiel de surmonter les barrières qui limitent leur participation et leur interaction avec les technologies numériques. Pour cela 4 grands principes sont pris en compte.

• La perception des l’utilisateurs va varier suivant leur situation de handicap. Il est donc important de déployer des alternatives aux supports visuels et audiovisuels, afin de permettre l’adaptabilité des contenus et de permettre à tous d’accéder au même niveau d’information. Il faut également rendre les contenus facilement distinguables, par exemple avec un contraste suffisant ou encore des couleurs et tailles adaptées, pour que cela soit le plus facile à comprendre pour les utilisateurs.
• La compréhension est essentielle pour rendre le contenu accessible au plus grand nombre comme le paramétrage des langues d’utilisation de l’outil, ou rendre le contenu textuel visible et compréhensible (ex : le choix du champ lexical). La partie formulaire peut également être bloquante s’il n’est pas pensé pour rendre la saisie facile et possible pour tous les utilisateurs, comme pour le rendre compatible avec les logiciels d’assistance. En le pensant le plus accessible possible, vous aurez de fait une expérience utilisateur optimisée pour tous et un meilleur taux de conversion.
• L’utilisabilité, c’est structurer les écrans pour faciliter la navigation et bien penser l’accessibilité au clavier qui est essentiel pour le public en situation de handicap, mais aussi pour les utilisateurs qui préfèrent ce style de navigation. Également bien anticiper des délais suffisants pour que les utilisateurs puissent atteindre et consulter le contenu selon leur besoin, et pour finir éviter au maximum les clignotements de contenu (ex : bouton, bannière …) qui sera de fait beaucoup plus dur à lire.
• La robustesse, ou comment être le plus conforme possible aux standards ergonomiques pour faciliter l’expérience des utilisateurs, en conservant les grands principes de navigation actuels et assurer une compatibilité aux différentes technologies d’assistances. Car plus on est spécifique sur un produit, moins on est compatible avec les standards des outils d’assistance vocaux. Par exemple, un utilisateur malvoyant ne pourra pas utiliser ses outils sur votre plateforme.

L’éco-conception, ou comment faire en sorte d’être le plus respectueux possibles lors de la conception d’un outil numérique

L’écoconception est une approche qui vise à minimiser l’impact environnemental des produits et services numériques dès leur conception. Pour entreprendre cette démarche, il y a plusieurs grands principes qu’il est possible de prendre en compte :

• Évaluer l’impact sur l’environnement à chaque étape : considérer l’ensemble du cycle de vie du produit numérique, de sa fabrication à sa fin de vie, pour minimiser son impact sur l’environnement.
• Optimiser le chargement des contenus : réduire la taille des fichiers et optimiser leur chargement afin de réduire le temps d’accès aux données et la consommation de bande passante.
• Simplifier l’interface utilisateur : créer des interfaces intuitives et conviviales, qui nécessitent moins de clics et d’actions pour accomplir une tâche, réduisant ainsi la consommation d’énergie et les efforts de l’utilisateur.
• Réduire la quantité de données : limiter le contenu et les fonctionnalités superflus, les scripts et les plugins non nécessaires, afin de réduire le poids total des pages web. Cela permet de diminuer la consommation de bande passante et la quantité de données transférées, tout en améliorant la vitesse de chargement.
• Sensibiliser et éduquer : informer les concepteurs, les fabricants et les utilisateurs sur l’importance de l’écoconception et encourager des choix responsables en matière de production numériques.

Il faut prendre en compte les aspects environnementaux pour en réduire les impacts du produit qu’on va développer. L’éco-conception est également une réflexion plus globale sur l’usage des technologies. Comme se demander si tout ce qu’on l’on souhaite développer est réellement utile pour l’utilisateur, pour éviter de concevoir une fonctionnalité non utilisée. Il est très important de penser ces sujets bien en amont, et de les diffuser à l’ensemble des parties prenantes afin d’aligner les visions sur les propositions à venir sur l’ensemble des étapes projets.

Les impacts actuels du numérique sur l’environnement

L’éthique de la data, ou comment peut-on être respectueux de la donnée de l’utilisateur et assurer sa protection

Pour garantir une éthique des données utilisateurs et répondre aux nouveaux enjeux de ce domaine, plusieurs bonnes pratiques devront être intégrées à votre réflexion. Voici quelques-uns des principes fondamentaux pour une gestion éthique et responsable des données :

• Consentement éclairé : il est essentiel d’obtenir le consentement éclairé des utilisateurs avant de collecter, traiter ou partager leurs données. Les utilisateurs doivent être informés de manière transparente sur les types de données collectées, les finalités pour lesquelles elles seront utilisées et les tiers avec lesquels elles seront partagées.
• Minimisation des données : la collecte de données doit être limitée au strict nécessaire. Il est important de ne collecter que les données pertinentes pour atteindre les objectifs spécifiques et d’éviter la collecte excessive d’informations inutiles. Car toute donnée collectée doit de fait être stockée et donc consommer de l’énergie.
• Protection de la vie privée : les données des utilisateurs doivent être protégées contre les accès non autorisés, les pertes ou les fuites. Des mesures de sécurité appropriées, telles que le cryptage des données, la gestion des accès et les pare-feu, doivent être mises en place pour garantir la confidentialité et l’intégrité des informations personnelles.
• Transparence : les utilisateurs doivent être informés de manière claire et compréhensible sur les politiques de confidentialité et de traitement des données. Les organisations doivent rendre disponibles des informations détaillées sur la manière dont les données sont utilisées, partagées et stockées.
• Droits des utilisateurs : les utilisateurs doivent avoir la possibilité d’exercer leurs droits sur leurs données, tels que le droit d’accéder à leurs informations, le droit de les rectifier, de les supprimer ou de s’opposer à leur utilisation.

En intégrant ces principes, on garantie à l’utilisateur une meilleure compréhension et protection de ses données, et par conséquent une meilleure expérience. L’image renvoyée sera également plus rassurante et positive.

En conclusion

Dans cet article, nous avons exploré les différents aspects du numérique responsable, en mettant l’accent sur l’accessibilité, l’écoconception et l’éthique des données. En adoptant une approche holistique, nous pouvons construire un avenir numérique durable, inclusif et respectueux de la vie privée des utilisateurs.
En intégrant ces principes dans notre réflexion et nos actions, nous pouvons créer un environnement numérique où les technologies sont accessibles à tous, où nos produits sont conçus de manière durable et où la confidentialité des données est respectée. Ensemble, nous pouvons façonner un numérique responsable qui bénéficie à la fois aux utilisateurs, aux entreprises et à notre planète.